Le 12 juin 2003, nous, les travailleurs de Flaskô,
avons décidé de prendre notre avenir en main, nous avons décidé de changer le
destin que le capitalisme et les patrons nous imposent. Nous avons décidé de
récupérer l'usine et de la mettre sous contrôle ouvrier. Pendant dix ans, nous
avons lutté en défendant le mot d'ordre d’ « usine en faillite, usine
occupée » et l’usine occupée aurait dû être nationalisée et mise sous le
contrôle des travailleurs.
La force, qui nous a portée, était la même que celle
qui, tout au long de notre vie, nous a fait transpirer du lever au coucher du
soleil pour vendre notre force de travail et faire tourner les machines du
capitalisme pour recevoir un salaire pour nous nourrir, vivre et élever nos
enfants. Mais plus que cela, la force qui nous a portée se justifiait par le
besoin d’en finir avec l'horreur que nous avons vécue à l’image de l’ensemble
de notre classe.
Mais, le 12 juin 2003, notre force a également été
renforcée par la certitude qu'une période devait s’achever. La période au cours
de laquelle tout a été uniquement organisé dans l'intérêt des patrons. Cet
espoir fut la victoire de Lula en tant que président, notre courage fut décuplé
pour affronter le capital. Nous étions plus de trois cents à participer à
l'assemblée ce jour-là. Nous constituions une force qui pouvait modifier les rails
de l'histoire.
C’est pour cela que nous avons décidé de tout
reconstruire. Ainsi, nous avons occupé l'usine et nous nous sommes prononcés
pour garantir le droit au travail, notre principale forme de dignité. Il n’y
avait qu’un seul chemin, celui consistant à renforcer la lutte pour prendre les
usines aux patrons, les réorganiser dans l’intérêt de notre classe et plus
globalement de l'humanité : la vie et la solidarité entre les travailleurs,
une vie sans exploitation. Dès lors, nous avons organisé une nouvelle usine
pour travailler. Nous nous sommes unis avec les Sans-Terre pour lutter pour la
réforme agraire et la fin du latifundio.
Nous avons crié : "quand la campagne et la ville s’uniront, la bourgeoisie
ne pourra pas résister."
De même, nous nous sommes solidarisés avec les
travailleurs exploités en impulsant la lutte pour le logement. Nous avons
décidé de commencer à allier la conviction et l'action sur le terrain du patron
qui, pendant des décennies, a saigné notre vie. Nous avons récupéré le terrain
et nous avons construit la Ville ouvrière où vivent aujourd’hui 564 familles. Nous
avons également impulsé le projet de l'Usine de la Culture et du Sport, en
réalisant des centaines d'activités, impliquant l’ensemble de la communauté, des
enfants, des jeunes et des adultes, en garantissant l'accès à la culture, aux
loisirs, etc.
En cela, à chaque étape franchie, nous avons
contribué à créer un meilleur cru que celui de nos ennemis : les patrons
et leurs représentants dans les gouvernements, y compris au sein du gouvernement
Lula. Quand la campagne de soutien au gouvernement vénézuélien s’est développée,
la FIESP (Fédération des industries de Sao Paulo) s'est levée contre nous, en
convoquant les entrepreneurs pour qu’ils se mobilisent contre notre lutte.
Quand nous avons entrepris le travail d'articulation des usines récupérées en
Amérique latine, l'OMC est intervenue et a essayé d'empêcher l’avancée de cette
unité.
En 2007, l’Etat a décidé de nous attaquer. Plus de
150 policiers fédéraux ont pris possession des deux entreprises occupées Cipla
et Interfibra à Santa Catarina, en expulsant les travailleurs pour y imposer un
dirigeant réactionnaire chargé de remettre en cause les conquêtes sociales,
légales et humaines que 5 années de contrôle ouvrier avaient garanties. Ils ont
montré leur inquiétude quand ils ont déclaré expressément lors du procès :
"imaginez que la mode se répande ".
Pourtant, ils n’ont pas hésité à utiliser la tactique
de la criminalisation, en déployant une campagne de calomnies et en tentant de délégitimer
l’ensemble de la classe ouvrière. Évidemment, ils ont utilisé le monopole des
moyens de communication pour parvenir à leurs fins. Le magazine Veja a même affirmé
que nous étions le "MST des usines." Très bien, c'est pour nous une
fierté !
Cependant, nous, les travailleurs les plus courageux
de Flaskô, avons décidé de résister. Et avec la force et la solidarité que nous
avons reçues de l’ensemble du Brésil et du monde entier en unissant la plupart des
centrales syndicales et plusieurs partis politiques dans un large spectre, dans
le but de constituer un front unique, nous avons agi à chaque étape dans une
dynamique de lutte des classes. Si d’un côté, nous ne pouvions jamais garantir
combien de temps nous durerions, en raison de l'instabilité quotidienne, nous
avions la certitude que nous gagnerions. Parce que nous savions que nous
devrions seulement perdre nos courants et croire en la victoire.
Aujourd'hui, 10 ans se sont écoulés. Deux
gouvernements de Lula sont passés. Et la moindre avancée vers le socialisme que
nous pouvions espérer avec ce gouvernement s’est envolée. Le premier
gouvernement Lula a refusé d’apporter une solution, malgré les diverses
propositions qui lui ont été présentées, de la revendication de la
nationalisation sous contrôle ouvrier à la proposition que le BNDES (Banque
national de développement économique et social) a présenté. Lula disait que la
ligne n’était pas "dans le menu". Mais nous constaté que le menu des
travailleurs différait sensiblement de celui des grands capitalistes, puisque
la même étude du BNDES a été utilisée pour le gouvernement pour ce qui est d’Aracruz
Celulose, JBS FriBoi, le Groupe Votorantim, etc. Le deuxième gouvernement a
décidé d'attaquer notre mouvement en le criminalisant et en poussant la lutte
des usines occupées à l’asphyxie.
L’actuel gouvernement de Dilma veille à empêcher l’adoption
des projets de lois que nous avons présentés au Sénat. Comme nous l’avons déjà
fait savoir, deux projets se distinguent : l’expropriation de l'usine transformée
en propriété sociale contrôlée par les travailleurs et l’autre projet stipule que
chaque usine abandonnée puisse être expropriée et transmise aux travailleurs
pour une gestion démocratique.
Pour cela, depuis dix ans, nous sommes passés à
l'offensive à plusieurs reprises. Nous avons renforcé la pression sur le
gouvernement Dilma - PT et sur le Sénat Fédéral, pour qu'ils approuvent immédiatement
la déclaration d'intérêt social d'expropriation de Flaskô. Il s’agirait d’une
décision politique permettant d’accorder un outil efficace pour la lutte
ouvrière.
Et nous avons la certitude que nous pouvons gagner
parce qu'il ne s’agit pas uniquement d'une usine résistant au capitalisme, mais
d’une usine occupée résistant pour la défense des bases historiques de la
classe ouvrière vers le socialisme. C’est ce que l’on peut observer lors de
cette rencontre aujourd'hui, où s’exprime, une grande démonstration d'unité de
classe, avec plusieurs délégations internationales, diverses organisations
populaires (de la campagne et de la ville), des dizaines de syndicats et des délégations
d'étudiants.
L'importance croissante d’une conjoncture tout à fait
intéressante, de crise du capitalisme, de montée des masses, de ré-articulation
des mouvements sociaux dans le monde entier, qui de plus, touche maintenant
plus directement au Brésil. La bourgeoisie devra réprimer, criminaliser mais
les contradictions seront de plus en plus fortes et exprimeront le besoin de
construction d'une autre société, qui ne sera plus fondée sur l'exploitation de
la force de travail.
Nous savons qu'il n'y a pas de socialisme dans un seul
pays et qu’il ne survivra encore moins
dans une seule usine occupée. Pour cela, comme nous l’avons démontré au cours
de ces 10 ans, seule l'unité de classe, au-delà des frontières nationales,
permettra une sortie réelle pour la lutte de la classe ouvrière vers la
transformation de cette société.
Ainsi, la lutte continuera et nous avons besoin de
toute la solidarité de classe qui s’est exprimée avec Flaskô jusqu'à
aujourd'hui. Dans ce sens, nous avons convoqué tous ceux qui sont engagés dans
la lutte de la classe ouvrière pour son émancipation, pour unifier nos luttes
et nos batailles dans la prochaine période. Nous lançons immédiatement l'invitation
pour la Caravane à Brasilia le 23 octobre 2013, pour la convocation d'une
audience publique où nous discuterons des projets de loi renvoyés et des
perspectives pour les usines occupées et la garantie des conquêtes sociales de
la classe ouvrière.
Vive les 10 ans d’occupation de l'Usine Flaskô!
Vive la solidarité internationale de la classe
ouvrière!
Sumaré / SP, Brésil, le 15 juin 2013.
Tous les travailleurs de Flaskô et toutes les
organisations présentes à cette rencontre ont approuvé unanimement cette
lettre.
Plus d’informations sur : www.fabricasocupadas.org.br
Traduction Richard Neuville
Manifesto 10 Anos de Fábrica Ocupada Flaskô
Em 12 de junho de 2003, nós, trabalhadores da Flaskô,
decidimos tomar nosso presente em nossas mãos, decidimos alterar o destino que
o capitalismo e os patrões nos empunham. Nós decidimos tomar a fábrica e
coloca-la sob o controle dos próprios trabalhadores. Marchamos nestes dez anos
defendendo a palavra de ordem "Fábrica quebrada é fábrica ocupada, e
fábrica ocupada deve ser estatizada e colocada sob controle dos
trabalhadores".
A força que nos moveu foi a mesma que nos fez suar de
sol a sol, durante nossa vida, vendendo nossa energia para rodar as máquinas do
capitalismo e com isso receber um salário para comer, morar e criar nossas
crianças. Mais do que isso, a força que nos moveu foi a necessidade de acabar
com o horror que vivíamos e também o conjunto de nossa classe.
Porém, em 12 de junho de 2003, nossa força estava
animada também com a certeza de que um período havia que se esgotar. O período
em que tudo estava organizado somente para o interesse dos patrões. Foi esta
esperança, que, naquele momento, se materializava a vitória de Lula. Tendo ele
como presidente, nos dava uma coragem ainda maior para irmos em frente. Éramos
mais de trezentos que participavam da assembleia que realizamos naquele dia.
Éramos uma força que havia tirado os trilhos da história do seu caminho.
E por isso
decidimos reconstruir tudo. Assim,
ocupamos a fábrica e nos articulamos para garantir o direito ao trabalho, nossa
principal forma de dignidade. Para tanto, só havia um caminho, avançar para
tomar as fábricas dos patrões, reorganizá-las de acordo com os interesses de
nossa classe, de acordo com os interesses mais gerais da humanidade - a vida e
a solidariedade entre os próprios trabalhadores, uma vida sem exploração.
Organizamos, a partir daí, uma nova fábrica para se trabalhar. Nos unimos aos
sem terra para lutar por reforma agrária e o pelo fim do latifúndio. Gritamos:
"Quando o campo e a cidade se unir a burguesia não vai resistir".
Da mesma forma, nos solidarizamos com todo o povo
trabalhador explorado, impulsionando a luta pela moradia. Decidimos começar a
unir convicção e ação a partir do terreno do patrão que durante décadas sugou
nossa vida. Tomamos o terreno, e construímos a Vila Operária, onde vivem hoje
564 famílias. Assim como impulsionamos o projeto Fábrica de Cultura e Esporte,
com centenas de atividades realizadas, envolvendo o conjunto da comunidade, com
crianças, jovens e adultos, garantindo acesso à cultura, lazer, etc.
Justamente por isso, a cada passo que avançamos, um
estalo maior vinha de nossos inimigos – os patrões e seus representantes nos
governos, inclusive no governo Lula. Quando avançava a campanha em apoio ao
governo Venezuelano, a FIESP se levantou contra nós, convocando os empresários
a se mobilizarem contra nossa luta. Quando iniciamos o trabalho de articular as
fábricas tomadas na America Latina, a OMC interviu e tentou impedir que esta
unidade avançasse.
Em 2007 eles
decidiram nos atacar. Mais de 150 policiais federais tomaram a Cipla e
Interfibra, ambas então ocupadas em Santa Catarina, expulsando os trabalhadores
e empossando um interventor reacionário para realizar os ataques contra as
conquistas sociais, legais e humanas que 5 anos de controle operário havia
garantindo. É por isso que disseram
expressamente na sentença judicial o que realmente eles tem medo: "Imagine
se a moda pega?".
Para tanto, contaram com a tática da criminalização,
com uma campanha de calúnias e tentativas de nos deslegitimar perante o
conjunto da classe trabalhadora. Obviamente, usaram o monopólio dos meios de
comunicação para seus objetivos. A revista Veja afirmou que somos "o MST
das fábricas". Ótimo, é um orgulho!
Porém, nós, poucos, mas valentes trabalhadores da
Flaskô, decidimos resistir. E com a força e a solidariedade que recebemos de
todo o Brasil e do Mundo, unindo as centrais sindicais as mais diversas, os
partidos políticos num amplo espectro, sempre sob a perspectiva de frente
única, compreendendo cada passo a ser dado diante da dinâmica da luta de
classes. Se por um lado nunca podíamos garantir quanto tempo duraríamos, por
conta da cotidiana instabilidade, é certo que tínhamos a certeza que
ganharíamos. Porque sabemos que só teríamos a perder nossas correntes e ganhar
uma esperança de vitória.
Hoje completamos 10 anos. Passaram-se os dois
governos de Lula. E qualquer sombra de caminhar ao socialismo que poderíamos
pensar existir nesse governo se esvaiu no ar. O primeiro governo Lula se
recusou a encontrar uma solução, mesmo diante das diversas propostas que
apresentamos, por meio da reivindicação da estatização sob controle operário,
ou mesmo diante da proposta que o BNDES apresentou. Lula dizia que essa pauta
não "estava no cardápio". Mas vimos que o cardápio para os
trabalhadores, de fato, era diferente dos grandes capitalistas, já que o mesmo
estudo do BNDES foi usado para ação do governo em relação à Aracruz Celulose,
JBS FriBoi, Grupo Votorantim, etc. O segundo governo decidiu atacar nosso
movimento, sujando suas mãos ao criminalizar a luta dos trabalhadores, e
empurrar a luta das fábricas ocupadas para morrer enfraquecida.
O governo Dilma até o momento trabalha para impedir
que os projetos de leis que apresentamos no Senado prosperem. Como já demos
publicidade e conhecimento, ressalta-se que são dois projetos: um desapropria a
fábrica transformando em propriedade social controlada pelos trabalhadores e outro
projeto permite que toda fábrica abandonada ou falida seja desapropriada e
repassada aos trabalhadores para uma gestão democrática.
Por isso, nestes dez anos decidimos, mais uma vez, ir
à ofensiva. Decidimos retomar com força a pressão sobre o governo Dilma/PT, e
sobre o Senado Federal, para que aprovem imediatamente a declaração de
interesse social para fins de desapropriação da Flaskô. Trata-se de uma decisão
política, proporcionando um instrumento efetivo para a luta operária.
E temos a certeza que podemos ganhar porque não se
trata de apenas uma fábrica resistindo contra o capitalismo, mas uma fábrica
ocupada, resistindo na defesa das pautas históricas da classe trabalhadora em
direção ao socialismo. É o que podemos ver no encontro de hoje, onde estão
presentes, em grande demonstração de unidade de classe, várias representações
internacionais, diversas organizações populares (do campo e da cidade), dezenas
de sindicatos e representações estudantis.
A importância é ainda maior diante de uma conjuntura
bastante interessante, de crise do capitalismo, ascenso das massas,
rearticulação dos movimentos sociais em todo o mundo, inclusive, agora,
chegando mais diretamente no Brasil. A burguesia precisará reprimir,
criminalizar, mas as contradições ficarão cada vez mais evidentes, e somente
deixará mais evidente a necessidade de construção de outra sociedade, não mais
fundada na exploração da força de trabalho.
Sabemos que não há socialismo num só país, muito
menos sobreviverá somente uma fábrica ocupada, isoladamente. Por isso, como
demonstramos nesses 10 anos, somente a unidade de classe, inclusive para além
das fronteiras nacionais, poderá dar uma saída real para a luta da classe
trabalhadora em direção à transformação dessa sociedade.
Assim, a luta continuará, e precisamos de toda a
solidariedade de classe que fez com que a Flaskô ficasse aberta até hoje. Nesse
sentido, convocamos todos aqueles comprometidos com a luta da classe
trabalhadora por sua emancipação, para que se junte conosco nas lutas e batalhas
que serão travadas no próximo período, convidando, desde já, para a Caravana à
Brasília em 23 de outubro de 2013, para realização de uma Audiência Pública
onde discutiremos os referidos projetos de lei e as perspectivas para as
fábricas ocupadas e a garantia das conquistas sociais da classe trabalhadora.
Viva os 10 anos da Fábrica Ocupada Flaskô!
Viva a solidariedade internacional da classe
trabalhadora!
Sumaré/SP, Brasil, 15 de junho de 2013.
Assinam essa carta, todos os trabalhadores da Flaskô
e todas as entidades e organizações presentes neste encontro, aprovada por
unanimidade
Maiores informações veja em www.fabricasocupadas.org.br
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire