M. Colloghan

samedi 11 septembre 2010

Fonds Yasuní-ITT (Equateur) : une première initiative concrète pour agir pour le climat


Richard Neuville
(Article paru dans Rouge et Vert n°311)

Chargé de réfléchir sur les avancées et les limites du Protocole de Kyoto, le Sommet mondial de Copenhague, en décembre 2009, a été un échec patent et a démontré clairement que les intérêts économiques des pays riches prédominent sur l’avenir de la planète. Les Etats-Unis et la Chine, avec la complicité de 28 pays, y ont imposé leur loi. Heureusement la conférence alternative sur le changement climatique de Cochabamba (Bolivie) en avril, qui réunissait principalement des mouvements sociaux et des ONG, a permis la ratification de « l’accord des peuples » et le renforcement d’un mouvement pour la justice climatique. Dans ce contexte, l’initiative Yasuni-ITT en Equateur doit retenir toute notre attention car elle revêt un caractère original et tend à inverser la tendance productiviste qui a prévalue depuis deux siècles. En effet, les mots et les déclarations d’intention ne suffisent plus, il importe d’agir vite contre le réchauffement global et le changement climatique pour l’avenir des générations futures.

Après bien des tergiversations et sous la pression des mouvements sociaux, le gouvernement équatorien, présidé par Rafael Correa, a finalement entériné la décision de renoncer à l’exploitation de 20 % de ses ressources d’hydrocarbures. Pourtant, les quelques 850 millions de barils de pétrole exploitables à partir des forages (Ishpingo-Tambococha-Tiputini) situés dans le parc national amazonien Yasuni devaient rapporter entre 6 et 7 milliards de dollars à l’Etat. Pour ce pays pauvre doté d’une immense biodiversité mais également fortement dépendant des ressources générées par l’exploitation pétrolière, cette décision constitue un effort considérable. En 2008, le pétrole représentait 22,2% du PIB, 63,1% des exportations et 46,6% du budget de l’Etat, il ne peut donc se permettre de se priver d’une manne financière aussi importante. En outre, cette décision permettra d’empêcher l’émission d’environ 410 millions de tonnes de CO2, de freiner la déforestation et la pollution des sols, ainsi que la dégradation des conditions de vie des habitants de la région.

En échange et en partant du principe de coresponsabilité pour les problèmes environnementaux globaux, le gouvernement équatorien demande aux pays riches d’apporter une contribution financière sur dix ans, équivalente à la moitié de ce qu'aurait rapporté l'exploitation pétrolière.
Le 3 août dernier, le fonds destiné à accueillir des donations pour soutenir le projet de préservation du parc national de Yasuni a été créé officiellement. Pour l’instant, si la Belgique, l'Union européenne, l'Italie et l'Espagne ont apporté leur soutien à cette initiative, seule l'Allemagne s’est engagée formellement à verser annuellement 50 millions de dollars au cours des douze prochaines années.
Quant au gouvernement français, il s’est montré vaguement intéressé mais il n’a pas encore fait de propositions concrètes à son homologue équatorien. Il importe d’engager une mobilisation citoyenne pour informer et faire pression sur ce pouvoir. Les Alternatifs s’adresseront dans ce sens auprès des autres organisations sociales et politiques.


Richard Neuville (05/09/2010)


Pour en savoir plus :
Le site officiel du gouvernement équatorien : http://yasuni-itt.gob.ec/
Appel Yasuni ITT : http://projetitt.vacau.com/wordpress/
Article : « L’avenir d’un mouvement pour la justice climatique » de Christophe Aguiton et Maxime Combes, Les Temps nouveaux n°1, Le Bord de l’eau, Automne 2010.

1 commentaire:

  1. il faut absolument soutenir ce projet de préservation de la foret amazonienne, l'humanité toute entière est concerné car à cause de négligence la vie sur terre pourrait cesser... un jour, malheureusement, à force d'exploitation intensive de la planète.... l'homme perdra toutes ces précieuses ressources que nous offre la terre et finira par disparaitre lui aussi... il faut vraiment y penser!!!!!

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