M. Colloghan
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vendredi 18 décembre 2009

Bolivie : Des traditions andines à l'émancipation économique

Gwel@n * 15 décembre 2009


Réélu à 63% au 1er tour, Evo Morales a gagné son pari d'obtenir une majorité des deux tiers au Sénat, en évitant les manœuvres de blocage des opposants. Le contrôle du Parlement garantit au gouvernement une mise en oeuvre de la refondation socialiste, de la revendication de l’identité indigène sur la base de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2009. Le concept de «bien vivre» ou sumaj qamaña y figure, basé sur une humanité en harmonie avec la nature. Le concept doit être appréhendé différemment suivant les zones géographiques: montagnes, vallées, zones sèches, zones humides. Le bien-vivre du mineur de Potosi et celui du cueilleur d’Amazonie n’ont pas grand chose en commun. La consultation de la Pachamama (Terre-mère) et la consommation traditionnelle de la coca interviennent aussi dans la prise de décisions.

mercredi 18 novembre 2009

Bolivie : La « révolution démocratique et culturelle » devrait se poursuivre

Richard Neuville - article paru dans Rouge et Vert

Les présidents latino-américains ayant entrepris des réformes constitutionnelles dans leur pays ont en commun de remettre en jeu leur mandat après l’adoption des nouvelles constitutions. Ce fut le cas d’Hugo Chávez en 2000 au Venezuela, de Rafael Correa en avril dernier et ce sera le cas d’Evo Morales le 6 décembre prochain.
Une chose est sûre, les présidents - qualifiés de « populistes » par Alexandre Adler et consorts - ne redoutent pas la confrontation avec le suffrage populaire et en sont jusqu’à présent toujours sortis renforcés. En Bolivie, le processus constitutionnel s’est avéré plus compliqué que dans les autres pays, il aura fallu pas moins de trois années pour adopter la Nouvelle Constitution. D’ailleurs en août 2008, alors que l’opposition ne cessait d’entraver le travail constitutionnel par tous les moyens légaux et illégaux, Evo Morales et son équipe avaient été contraints d’organiser un référendum révocatoire (qu’ils avaient remporté avec 60 % des suffrages) pour mener à bien la réforme en cours.

samedi 31 octobre 2009

(3) Bolivie - La roue de l’histoire tourne au Venezuela, en Équateur et en Bolivie

Eric Toussaint *
III. La Bolivie est-elle sortie d’une période très agitée ?
Comme indiqué dans le point 5 de la partie I, le gouvernement d’Evo Morales a dû affronter en 2008 une opposition très violente de la droite représentant les intérêts de la classe capitaliste locale (industriels, grands propriétaires fonciers, groupes financiers) liée aux intérêts des transnationales privées qui exploitent les ressources naturelles (pétrole, gaz, différents minerais). Álvaro García Linera, vice-président de la Bolivie, offre dans une interview (37) une vision stratégique de ces affrontements. En voici quelques extraits particulièrement significatifs. Il part du constat que la droite refusait d’accepter sa situation de force politique minoritaire et avait opté pour la séparation entre les provinces orientales riches et le reste du pays où se trouve la capitale La Paz. Ensuite, il décrit la politique suivie par le gouvernement qui a refusé l’affrontement à plusieurs reprises avant de choisir de frapper fort.
« La droite n’était pas disposée à être incluse dans le projet national-populaire comme force minoritaire et dirigée, et elle optait pour la déflagration territoriale. La lutte pour le pouvoir se rapprochait du moment de sa solution belliqueuse ou finale dans la mesure où, en dernière instance, le pouvoir de l’État est coercition. C’est ce que nous appelons “le point de bifurcation”, c’est le moment où la crise de l’État, entamée huit ans auparavant, se résout soit via une restauration du vieux pouvoir étatique, soit via la consolidation du nouveau bloc de pouvoir populaire. (…)

vendredi 10 avril 2009

Bolivie : La nouvelle Constitution enfin adoptée

Richard Neuville *
Le 25 janvier dernier, la Nouvelle Constitution a été adoptée par 62 % des voix. Après le référendum d'août dernier qui avait conforté le président Evo Moralès, le peuple bolivien a, de nouveau, exprimé sa volonté de construire une "société nouvelle", une "République sociale et démocratique" dans l'unité de la Bolivie et le respect des droits des peuples qui la composent. Le oui l'a emporté dans 6 départements sur 9 et la participation a été massive.


Une fois de plus, Evo Moralès a gagné son bras de fer avec l’opposition. La nouvelle Constitution qui, il y a un an, paraissait condamnée à l’échec est enfin adoptée. A l’image de ce qui s’est passé au cours de toute l’histoire bolivienne, la région andine a fait pencher la balance au niveau national, en vertu de son poids démographique, de sa « vision nationale » et parce que le gouvernement y siège. Le mélange d’identification ethnico culturelle et une culture politique plus proche de l’étatisme expliquent l’adhésion sans faille de l’Ouest bolivien à Evo Morales. Mais le pays reste divisé entre l'ouest et l'est et, de plus en plus, entre les ruraux et les citadins (hormis à La Paz, El Alto et Oruro).

Bolivie : La « Révolution démocratique et culturelle » en butte à l’oligarchie

Richard Neuville et Rémy Querbouët *


Ces dernières années, la Bolivie a vécu un cycle de luttes extrêmement importantes contre l’empire et la logique capitaliste néolibérale. L’accumulation de forces et d’expériences, d’une part, l’engagement institutionnel des mouvements sociaux via leur « instrument politique », de l’autre, ont permis d’entrevoir un changement. Les victoires d’Evo Morales et du Mouvement vers le socialisme (MAS) en décembre 2005 résultent indubitablement de cette conjonction. De l’émergence du mouvement cocalero dans les années 1980 à la crise de mai-juin 2005 sur la question de la loi sur les hydrocarbures, en passant par la « guerre de l’eau » à Cochabamba en avril 2000 et la « guerre du gaz » en octobre 2003, les mobilisations sociales ont exercé une influence indéniable et ont contribué grandement à ces victoires. Elles puisent également leurs racines dans les luttes qui permirent la « Révolution nationale » en 1952. (Cf. Un demi-siècle de luttes populaires)

Bolivie : Le MAS, un instrument politique atypique

Richard Neuville


Le Mouvement vers le socialisme (MAS) a été créé officiellement en 1999 (année de sa reconnaissance par la Cour nationale électorale) sous la personnalité juridique de MAS-IPSP (Instrument politique pour la souveraineté des peuples). Il s’agit donc d’un parti récent mais qui s’inscrit cependant dans un temps assez long. Il faisait suite à l’Assemblée pour la souveraineté des peuples (ASP) créée en 1995. Il se définit comme un « parti-mouvement » et une fédération de mouvements sociaux.

Bolivie : Evo Morales : Bibliographie d'une lutte

Richard Neuville


Juan Evo Morales, président élu de la Bolivie, n'a pas manqué de surprendre ses homologues étrangers lors de la première rencontre internationale à laquelle il participait. Il ne portait ni cravate, ni costume, il était vêtu d'un pull-over multicolore en alpaca et d'un blouson de cuir orné de broderies aymaras.
Quelles ont été ses influences politiques ? Elles sont assez difficiles à définir, il se dit proche de Fidel Castro et de Hugo Chávez, il a un grand respect pour Rigoberta Menchú, guatémaltèque, prix Nobel de la paix en 1992, de Marcelo Quiroga Santa Cruz, leader socialiste dans les années 70, assassiné en 1980 sous la dictature. Enfin, il voue une admiration pour le sous commandant Marcos. Selon Evo Morales, il puise ses influences « dans la vie elle-même et dans sa participation à la lutte quotidienne ».


Bolivie : Álvaro García Linera, le « co-pilote » du Président

Richard Neuville


Álvaro García Linera, l'actuel vice-président de la Bolivie est bien peu connu en France et l’influence qu’il exerce sur la politique actuelle de son pays l’est encore moins. Il symbolise pourtant l'alliance des couches moyennes urbaines et intellectuelles avec les peuples indigènes, qui a contribué à la victoire d’Evo Morales en décembre 2005. Mieux cerner sa personnalité et son itinéraire permet de comprendre le processus actuel de transformation sociale en Bolivie.

Bolivie : Un demi siècle de luttes populaires

Richard Neuville *


La victoire d'Evo Morales en décembre 2005 marque un changement notable dans l'histoire de la Bolivie. Pour la première fois un indien accède au pouvoir. Il s’agit d’une rupture fondamentale après cinq siècles de domination coloniale, impérialiste, oligarchique et néolibérale qui n’ont eu de cesse de piller les ressources naturelles du pays. Evo Morales hérite d'un pays ruiné où l'Etat n'existe pratiquement plus et dans lequel - pour reprendre une expression locale - jusqu'aux cendriers des ministères ont disparu. La Bolivie était devenue un paradis pour les banques, les multinationales et les familles de grands propriétaires, agroindustrielles et entreprises des mines. La victoire du Mouvement vers le socialisme - Instrument politique pour la souveraineté des peuples (MAS-IPSP) intervient après un cycle de luttes contre les recettes néolibérales mais puise également son origine dans les luttes qui permirent la Révolution Nationale de 1952. Certes les références ont changé, on invoque plus volontiers le chef indigène Túpac Katari, qui combattit les colonisateurs espagnols en 1780 que Marx ou Marcelo Quiroga Santa Cruz, dirigeant socialiste des années soixante-dix, et les acteurs ne sont plus les mineurs mais les paysans indigènes. Cependant les protagonistes actuels semblent animés par le même leitmotiv, le mouvement populaire bolivien s'appuie sur un nationalisme anti-impérialiste qui vise aussi bien les Etats-Unis que les oligarchies locales. Un bref retour sur un demi-siècle de luttes s’impose pour mieux comprendre le processus du changement.

Bolivie : Un type de développement aux conséquences environnementales prévisibles

Richard Neuville


Salar d'Uyuni (photo Jean Zacchet)

Les gouvernements progressistes, élus ces dernières années, en Amérique latine ont en commun de vouloir récupérer leur « souveraineté nationale » afin notamment d’assurer une gestion plus scrupuleuse des ressources naturelles à travers un contrôle renforcé de l’Etat. Certains, optent pour des nationalisations, d’autres, renégocient les contrats d’exploitation pour imposer leurs conditions aux multinationales. Quelle que soit l’option choisie, ils partagent l’idée qu’il est impératif de développer l’exploitation de ces ressources et l’appareil productif pour générer des emplois mais aussi des subsides qui permettront de financer des politiques sociales et ainsi réduire les inégalités. Aussi généreuses soient-elles, ces politiques se situent, de fait, dans une logique productiviste capitaliste qui n’est pas sans conséquence pour l’environnement.

Bolivie : Une politique extérieure multilatérale

Richard Neuville


A l’image de son voisin brésilien, Lula ou de son allié vénézuelien, Hugo Chávez, le président bolivien Evo Morales mène une politique extérieure multilatérale. A la différence de ses prédécesseurs, Gonzalo Sanchez de Lozada et de Carlos Mesa, tous deux chassés du pouvoir par des mobilisations populaires, l’heure n’est plus à l’alignement unilatéral sur les Etats-Unis d’Amérique. Depuis sa prise de fonction, Evo Morales a ainsi marqué une rupture et a rencontré ses homologues chinois, indien, iranien et sud-africain pour développer des relations économiques et politiques avec ces pays émergents. Il s’agit notamment de renforcer le pôle du Sud face à l’hégémonie de plus en plus contesté du mode de domination des puissances du Nord. La contradiction entre les deux pôles est de plus en plus forte et ne se gère pas sans tension. Mais, c’est surtout avec ses voisins d’Amérique latine que la Bolivie a développé des projets de coopération et tenté de renouer des relations de partenariat privilégié, notamment au sein des différentes institutions latino-américaines telles que l’ALBA, le MERCOSUR et la Communauté Andine des Nations.