M. Colloghan

mercredi 3 avril 2013

Appropriation sociale et autogestion


A l’initiative de Rouge et Vert (Les Alternatifs), de l’Association pour l’Autogestion (ApA) et de Transform!, des ateliers autogérés sur l’autogestion avaient été proposés dès le mois de novembre 2012 en vue de la programmation des activités du FSM de Tunis. Au cours du processus d’agglutination, les trois organisations se sont accordées pour regrouper leur proposition et coanimer ensemble un atelier. La précédente activité sur l’autogestion impulsée notamment par les Alternatifs dans le cadre d’un forum social remontait à 2005 lors du forum social méditerranéen à Barcelone. D’une manière générale, hormis quelques ateliers à Porto Alegre animés par les argentins et les brésiliens en 2003, 2005 et 2006, la question de l’appropriation sociale a été peu présente dans le cadre des forums sociaux mondiaux depuis leur origine. En Europe, l’ampleur de la crise, les politiques d’austérité et les suppressions massives d’emplois dans l’Etat espagnol, en France, en Grèce et au Portugal reposent avec acuité la question de l’appropriation sociale et la récupération par les travailleurs et travailleuses des entreprises qui ferment et plus largement celles de nouvelles pratiques autogestionnaires.

L’atelier a été introduit brièvement par Chantal Delmas de Transform!, qui a posé quatre questionnements pour ouvrir le débat : comment faire émerger l’autogestion dans la société ? Face à la financiarisation de la société, comment dépasser cette contradiction ? Comment inclure la démocratie économique ? Comment relier les services publics et l’autogestion ?

Ensuite, Richard Neuville, intervenant au nom de l’ApA et de Rouge et Vert, a traité des processus d’appropriation collective qui peuvent être accélérés quand des conditions objectives sont présentes comme cela a pu se vérifier dans l’histoire (Révolution russe, Catalogne 1936) mais qui peuvent également surgir de manière plus pragmatique dans certaines situations de crise comme ce fut le cas au Brésil (dans les années 90) et en Argentine (après la crise de 2001). Il a évoqué les tentatives de reprises actuelles dans l’Etat espagnol, en France et en Grèce depuis le début de la crise de 2008 en posant la question du contrôle ouvrier comme étape transition possible mais surtout la finalité pour des autogestionnaires de la gestion ouvrière. La reconversion écologique de l’industrie et les contre-plans alternatifs ont également été abordés pour poser les questions démocratiques sur Que produire ? Pour quoi faire ? Comment produire ? Enfin, pour signaler que les travailleurs-euses et les équipes syndicales ne doivent pas resté-e-s isolé-e-s et qu’une planification démocratique s’avère indispensable pour définir l’usage des produits avec les utilisateurs, les usagers et les consommateurs.

Après ces deux introductions, le débat a donné lieu à de nombreux échanges entre la trentaine de participant-e-s. La propriété postcapitaliste, les limites de l’exemple de Mondragón, l’isolement des coopératives confrontées à la concurrence capitaliste, la relocalisation de l‘économie, le rôle de l’Etat pour impulser les récupérations et le soutien financier des collectivités, la cogestion, les villes en transition, la réorganisation des services publics, les nouvelles pratiques ont été abordés au cours du débat qui a privilégiée l’expression de la salle.

En conclusion, cet atelier a été intéressant et il s’avère nécessaire d’ancrer l’autogestion dans les activités des forums sociaux. Les Alternatifs se félicitent du partenariat engagé avec Transform! et souhaitent poursuivre cette confrontation d’idées pour avancer ensemble dans la réflexion et co-organiser d’autres débats.

Tunis - le 29 mars 2013

Lire l'intervention de Richard Neuville :

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