M. Colloghan

lundi 7 novembre 2011

Contre G20 à Nice : un pari réussi !

Richard Neuville

Le Contre G20 qui s’est tenu à Nice du 1er au 4 novembre pour dénoncer l’illégitimité du G20 a été un succès. La coalition nationale Altermob G8/G20, qui réunissait une quarantaine d’associations, syndicats, soutenue par les organisations politiques de gauche, et le collectif local des Alpes-Maritimes ont rempli leur pari.

Précédée d’un cercle de silence organisé par RESF, la manifestation du 1er novembre a ouvert le Contre G20. Elle a réuni plus de 10 000 manifestant-e-s, qui ont défilé-e-s dans les quartiers populaires de l’est de la ville, très encadré-e-s par un dispositif policier totalement démesuré. Outre la présence des organisations telles que les associations : ATTAC, Action contre la Faim, CADTM, CCFD, CRID, Emmaüs International, Greenpeace, Les Amis de la terre, Mouvement de la paix, MRAP, Oxfam, Solidarité, etc. ; les syndicats : Confédération paysanne, CGT, FSU et Solidaires ; les partis politiques, principalement Les Alternatifs, Front de gauche, Les Verts et NPA, qui réunissaient l’essentiel des troupes, on notait la présence d’Indigné-e-s espagnol-e-s et grecs-que-s, d’occupant-e-s de Wall Street, de militants tunisiens et égyptiens, syndicalistes italien-ne-s, brésilien-ne-s et coréen-ne-s, paysans de Via campesina, altermondialistes japonais-e-s et européen-ne-s, des sénégalais du collectif « Y’en a marre », etc. Il faut cependant déplorer l’absence de la Confédération européenne des syndicats, qui avait fortement mobilisé en décembre 2000 lors du contre-sommet européen.

Pendant trois heures, le long cortège très animé et festif s’est étiré jusqu’aux anciens abattoirs en reprenant de nombreux slogans contre le modèle de domination capitaliste, pour exiger une prise en compte des peuples et dénoncer les inégalités et les politiques d’austérité. Aux portes du local désaffecté, des prises de parole de représentant-e-s d’indignés grecs, d’occupants de Wall Street, du Conseil international du Forum social mondial ont ponctué les groupes musicaux jusqu’à minuit.

Les 2 et 3 novembre, diverses animations de rue et actions spontanées des indigné-e-s ont été organisées dans la ville de Nice malgré le quadrillage policier ; divers ateliers et séminaires se sont tenues sur : la crise, le tribunal des banques, la dette et les expériences du Sud de la planète pour combattre les dettes illégitimes, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières, la justice environnementale, la transition énergétique, le service public et les biens publics, la convergence des luttes et les réponses syndicales à la crise, les alternatives et solutions pour les peuples, les enjeux agricoles et les luttes paysannes, l’accaparement des terres, l’éducation, les migrations, convergence des mouvements de la Région Méditerranée, etc. pour rechercher et proposer des alternatives au modèle capitalisme, dominé par la finance.

Jeudi 3 novembre, surveillé-e-s par cinq hélicoptères, près de 300 manifestant-e-s ont convergé par le train jusqu’à Cap d’Ail (frontière monégasque) pour dénoncer l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux en bâillonnant symboliquement deux hommes d’affaires et en décrétant la suppression du paradis fiscal de Monaco. Le soir, le Banquet des alternatives a conclu provisoirement ce Contre G20 en présentant des luttes locales, puisqu’une dernière action s’est déroulée le vendredi 4 en fin de matinée pour dénoncer le pouvoir des banques.

Quand on connaît les difficultés et le contexte politique pour les mouvements sociaux, l’organisation d’un Contre G20 à Nice était un vrai défi, il semble avoir été rempli : la manifestation a été une réussite et la présence militante sur l’ensemble des quatre jours a été notable (en partie grâce à la présence de nombreux-se-s jeunes Indigné-e-s) mais la participation à certains ateliers aurait pu être plus importante. Le lieu des abattoirs désaffectés, attribué par la Mairie, n’était pas des plus fonctionnels. Les altermondialistes, résolument pacifiques, n’ont pas défié le dispositif policier outrancier. Cependant, comme il fallait bien quelques arrestations et justifier ce déploiement policier, le système répressif a sévi. Il faut relever l’expulsion du territoire de cinq Indigné-e-s espagnol-e-s et la condamnation en comparution immédiate à un mois de prison et trois mois avec sursis de trois autres (basques) accusés de détenir des « objets dangereux de 6e catégorie », en fait du matériel d’escalade saisi dans leur voiture, sans doute de « dangereux terroristes ».

Plus que jamais, il importe de coordonner les luttes sociales et écologiques aux échelles européenne et mondiale pour ouvrir des perspectives et créer des alternatives au système capitaliste, dominé par le diktat du pouvoir financier aux mains des oligopoles et des institutions internationales, c’est tout le défi du mouvement altermondialiste. Les chefs d’état réunis à Cannes les 3 et 4 novembre ont une nouvelle fois démontré leur absence de volonté de réformer ce système prédateur pour les peuples de la planète mais est-ce vraiment une surprise ?

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