M. Colloghan

lundi 28 mars 2011

Mexique : La Commune de Oaxaca

Cet article a été publié dans l'ouvrage "Autogestion hier, aujourd'hui, demain", coll. Lucien Collonges (coord.), publié aux édictions Syllepse en mai 2010.

Richard Neuville *
L’Etat de Oaxaca est situé dans le sud du Mexique, au sud-ouest de l’isthme de Tehuantepec, dans les montagnes et vallées de la Sierra Madre del Sur et Sierra Madre Oriental. Il est entouré de l’Etat de Guerrero à l’ouest, l’Etat du Chiapas à l’est. Ces trois états concentrent les plus fortes densités de communautés indigènes et sont les plus pauvres du Mexique. L’Etat de Oaxaca est faiblement peuplé et ne compte que 3,5 millions habitants, dont près de la moitié appartient aux peuples indiens Zapoteca ou Mixteca. Il possède une grande variété de ressources naturelles (minéraux, forêts vierges, eau, etc.) et des zones géographiques qui permettent le développement d’activités productives et touristiques. Mais les indicateurs sociaux révèlent un niveau très élevé de pauvreté (83 % de la population en dessous du seuil de pauvreté), un taux d’analphabétisme de 21,5 %, une malnutrition importante et une très forte précarité. L’envoi de devises par les immigrants constitue la principale source de revenus de la population (Esteva : 2008). Le pillage colonial et le modèle de développement économique imposé par la suite l’ont condamné à n’être qu’un producteur de matières premières, c’est ce qui explique la pauvreté chronique d’une majorité de la population et l’émigration importante. Comme le reste du Mexique, mais de manière amplifiée, Oaxaca est victime de la mondialisation capitaliste et financière, des politiques néolibérales qui détruisent l’agriculture et les ressources naturelles.

 
Au niveau politique, Oaxaca est toujours gouverné par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)1 qui s’appuie sur des réseaux clientélistes très enracinés dans la société, cela se traduit concrètement par des pratiques de cooptation, de répression et de corruption très développées. Ces dernières décennies, ces méthodes ont annihilé toutes perspectives alternatives. Pour Beas Torres : « la société coloniale n’a pas disparu à Oaxaca, ni la guerre d’indépendance, ni la révolution ne sont parvenues à modifier les structures de contrôle colonial et le pouvoir local s’appuie sur les caciques agglutinés dans le PRI. » (2007 : 235) Les gouvernements successifs ont combiné un paternalisme populiste et une tyrannie barbare. En alliance avec l’oligarchie locale, ils ont utilisé la terreur pour bafouer les droits citoyens les plus élémentaires. Ces gouvernements ont poursuivi les journalistes critiques, assassiné, menacé ou expulsé de manière brutale les indigènes propriétaires de terres ou de ressources naturelles. Des milliers d’indigènes ont purgé ou purgent encore de longues peines de prison. L’achat de voix constitue une pratique bien ancrée et de fortes pressions s’exercent sur les électeurs. Les fonctionnaires se transforment naturellement en représentants du PRI et utilisent de manière flagrante et illégale les subsides publics. Dans l’Etat de Oaxaca, la farce électorale prend toutes ces dimensions, elle est une démonstration de simulation, d’illégalité et de mépris pour la volonté citoyenne. (Beas Torres : 2007-236)

Ces dernières décennies, la mobilisation citoyenne s’est accrue contre les administrations du PRI et pour exiger la destitution de plusieurs gouverneurs, qui se caractérisaient par leur arrogance, la corruption et l’incompétence. Lors des élections de 2004, l’actuel gouverneur, Ulises Ruiz Ortiz, s’est illustré en gaspillant des millions de pesos et en agissant en toute illégalité. L’abstention s’est élevée à 60 %. Pour gagner sa légitimité, comme chaque nouveau gouverneur, il a commencé son mandat en réprimant les opposants. Il a poursuivi son principal adversaire politique et a ordonné l’emprisonnement de dizaines d’indigènes qui protestaient contre la désignation des autorités locales au mépris des conventions2. Au cours des dix-huit premiers mois de son mandat, plus de six cents prisonniers politiques et trente-cinq morts ont été recensés suite à des conflits politiques et agraires.

Mais plus de trente années d’accumulation de forces, de luttes, de résistance et de conquêtes de municipalités ont permis de constituer un tissu associatif dense et autonome des institutions et des partis, composé de peuples indigènes, de coordinations paysannes, de syndicats, d’associations environnementales, de coalitions populaires et d’artistes. Les relations entre l’administration et la société civile se sont transformées radicalement et, la répression n’a pas provoqué la démobilisation sociale, bien au contraire. Le pouvoir a eu beau agiter le fantasme des guérillas pour tenter de délégitimer cette mobilisation, aucune organisation armée ou parti politique n’est capable de stimuler une telle auto organisation citoyenne et autonome. Ces composantes sociales ont par ailleurs su développer des relations internationales importantes pour éviter l’isolement. Le mouvement social, qui s’est forgé au cours de cette période, exprime le refus de l’oppression, de la domination impériale et des terribles conditions de vie des indigènes et des paysans. Il revendique également l’égalité entre les minorités indigènes et les blancs et métis (Almeyra : 2007).

Parmi ces acteurs, la « section 22 »3 du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE), s’illustre comme la plus puissante organisation et la plus populaire. Elle possède une tradition antibureaucratique, de fonctionnement démocratique et horizontal et une longue expérience de luttes. En 1981, un secteur d’enseignants de gauche a remporté les élections internes du syndicat, jusqu’alors contrôlé par le PRI. Depuis, la section 22 a adopté des modes de prise de décisions plus participatifs en recourant régulièrement aux assemblées générales. Leur forte cohésion leur permet de résister à toutes les tentatives de divisions exercées et orchestrées par le pouvoir. En outre, les travailleur-se-s de l’éducation ont « une longue tradition de relation avec les organisations paysannes et indigènes. Dans une société dans laquelle le monde rural a un tel poids, les enseignants fonctionnent souvent comme les intellectuels organiques de la communauté. Leur connaissance des méandres des institutions et de l’espagnol les conduit très fréquemment à résoudre les questions administratives des villages » (Hernández Navarro (2006:72). Ils-elles travaillent dans des conditions précaires avec très peu de moyens et matériaux pédagogiques. Leurs élèves arrivent fréquemment à l’école sous-alimentés et sont contraints de quitter la classe pour aider leurs parents aux travaux des champs. Dans ces conditions, les enseignant-e-s se sont constamment identifié au sort des communautés, dont ils-elles sont pour la plupart issu-e-s.

« Quand l’automne fut le printemps »

La mobilisation annuelle de la section 22 du syndicat des enseignant-e-s, organisée le 5 mai 2006, pour revendiquer des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail va déclencher la « Commune de Oaxaca ». Ce jour-là, des enseignants sont arrêtés lors de la manifestation. Le 22 mai, devant le refus du gouverneur de négocier, le syndicat décide d’installer un campement dans la capitale et des piquets de grève qui barrent les principaux accès. Progressivement, leurs revendications rencontrent un certain écho au sein d’une partie de la société. Le 14 juin, après plus de trois semaines de mobilisation et d’occupation, la police de l’Etat expulse violemment les piquets de grève et détruit les installations de Radio Plantón4.

Le lendemain, les enseignants, qui jusqu’alors avaient été partiellement isolés dans leur lutte, reçoivent le soutien actif et physique de nombreux secteurs de la population, indignés par la répression. A l’issue de longues heures d’affrontements avec la police, le campement est réinstallé dans le centre historique de la ville. A partir de ce moment-là, le conflit dépasse largement la protestation enseignante et près de trois cent cinquante organisations constituent l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO). S’y retrouvent notamment : le Comité de défense des droits du peuple (CODEP), la Coordination des femmes de Oaxaca (COMO), le Front populaire révolutionnaire (FPR), la Ligue mexicaine des droits humains (LIMEDH), les Organisations indigènes pour les droits humains de l’Etat de Oaxaca (OIHDHO) et des partis politiques comme Nueva Alianza, le Parti ouvrier socialiste (POS), le Parti communiste mexicain et des anarchistes. L’APPO se veut donc un espace ouvert qui regroupe des collectifs, des organisations et des individus très divers dans leur composante idéologique et sociale. Les peuples indigènes y sont totalement intégrés. L’APPO crée un conseil d’état provisoire, constitué de 260 délégué-e-s, qui va agir comme un « parlement citoyen » durant les plusieurs mois du conflit. La section 22 du SNTE, qui au début, a été la colonne vertébrale structurant le mouvement ne constitue plus qu’une composante parmi d’autres, malgré son importance numérique et sa capacité de mobilisation.

L’ampleur de la mobilisation démontre clairement la crise profonde qui existe entre la classe politique et la société, elle révèle également le refus obstiné du despotisme. Le mouvement de désobéissance civile est très proche de se convertir en soulèvement populaire et se renforce chaque jour. D’emblée, l’exigence de démission du gouverneur de l’Etat fait l’unanimité et permet de fédérer différentes couches de la population. La mobilisation coïncide avec la campagne des élections générales. Le 2 juillet, les électeurs sanctionnent le PRI et le PAN et plébiscitent par défaut le PRD même si l’Autre campagne a refusé de donner toute consigne de vote5.

Entre juin et novembre 2006, l’APPO se consolide, les actions collectives se multiplient : prises de contrôle des moyens de communication, mise en place de barricades dans différents quartiers de la ville, extension territoriale du conflit dans la périphérie de la ville et dans d’autres localités de l’Etat. Le mouvement assume le contrôle de la ville et commence à se transformer en embryon de gouvernement alternatif. Il bloque l’entrée des hôtels de luxe du centre et de l’aéroport local, il obstrue le trafic routier et empêche l’accès aux édifices publics et au Congrès de l’Etat. Dans une ville de moins d’un million d’habitants, des manifestations rassemblent jusqu’à 700 à 800 000 personnes, mais à aucun moment, il n’y aura de saccages de magasins comme lors du Caracazo6. Les peuples indigènes accourent de leurs villages et participent activement à la mobilisation. Avec les exclus, complètement identifiés au mouvement, ils jouent un rôle essentiel pour défendre les barricades, ce qui démontre tout le caractère plébéien de la Commune de Oaxaca.

Au cours de cette période, le mouvement adopte de nouvelles formes et logiques d’organisation en pratiquant l’autogestion dans les territoires récupérés. Les assemblées populaires se convertissent en instances d’où émane le nouveau mandat politique. La participation est massive et l’action collective s’exprime dans de nombreux espaces avec beaucoup d’innovation. Les acteurs sociaux reconstruisent une sociabilité et des réseaux de vie alternatifs jusqu’à atteindre une forme hégémonique.

L’imagination au pouvoir

L’expérience de l’APPO concentre un grand répertoire d’actions qui reflète la diversité du mouvement et des acteurs impliqués. Ces derniers se réapproprient les formes d’actions classiques et en crée de nouvelles (Garcia Guerreiro & Waren : 2008). Durant les six mois du conflit, de multiples modalités d’action sont utilisées : manifestations de masse, campements sur les places, occupations d’édifices publics et de centres commerciaux, barrages de routes et de rues, des centaines de barricades dans différents points de la ville, marche vers la capitale du pays, piquets de grève, grèves de la faim, expression artistique (poésie, fresques, graffitis, musique, etc.), prises de contrôle des moyens de communication (radios commerciales et chaîne de diffusion publique), affrontements et résistance active dans les rues contre la répression des polices fédérale et de l’Etat.

Les insurgés adoptent la barricade, forme d’action classique du mouvement ouvrier, utilisée par les principaux mouvements révolutionnaires de la révolte de 1830 à Paris à la rébellion argentine en 2001, en passant par les révolutions russes de 1905 et 1917 et le Printemps de Prague. Au début, les barricades sont érigées pour défendre les espaces conquis : édifices publics et moyens de communication. Elles désignent deux représentants au sein de l’Assemblée. Elles sont autonomes sur leur propre territoire, y compris en maintenant leur indépendance vis-à-vis de l’APPO qui coordonne les actions. Elles tiennent leurs propres assemblées et, sous l’influence des peuples indigènes, mettent en pratique le type d’organisation : mandar obedeciendo7. Au cours du mois d’août, des centaines de barricades se créent dans toute la ville, elles résultent de l’action spontanée de milliers de citoyen-ne-s, de tous âges et de toutes professions et pas de l’ordre d’un quelconque comité central. Elles permettent de créer un puissant réseau dans lequel s’expriment beaucoup de solidarité et de fraternité (Beas Torres : 2007-240).

Les espaces de communication et la création de médias alternatifs jouent également un grand rôle dans l’expérience de lutte de Oaxaca. Pas seulement pour remettre en cause le discours des médias hégémoniques mais également pour s’organiser. En effet, les espaces de résistance se maintiennent grâce aux radios et à l’intervention des collectifs d’artistes indépendants, qui deviennent un outil essentiel de la lutte de l’APPO. Il en est de même pour la production audiovisuelle. Dès le début, les vidéos et les productions indépendantes révèlent les injustices et les exactions des forces de police et paramilitaires. Les sites Internet et les blogs, sont également très utilisés pour populariser le mouvement, parmi lesquels figure Oaxaca Libre, créé par des jeunes indignés de l’absence d’expression médiatique.

Au Mexique, comme dans la plupart des pays, les moyens de communication se caractérisent par leur concentration et leur soumission aux pouvoirs établis. Ce n’est donc pas un hasard si une des caractéristiques de ce mouvement est l’occupation des moyens de communication privés et publics et la création de ses propres espaces d’information et d’expression alternatifs qui se multiplient à partir de la répression du 14 juin. Radio Plantón, la radio du syndicat enseignant poursuit son activité grâce à la solidarité et de nouvelles radios comme Radio Universidad commencent à émettre. Elles se développent au rythme de la mobilisation populaire et deviennent le principal canal de transmission d’informations.

Plusieurs médias commerciaux et publics font l’objet d’interventions directes. Le 1er août 2006, devant le refus de Canal 9 (lié au PRI) d’accorder quelques minutes aux acteurs du conflit, des femmes avec l’appui de membres de l’APPO décident d’occuper la station de radio et de télévision. Alors que la majorité d’entre-elles n’avaient jamais parlé devant un micro ou une caméra, ces femmes assurent la gestion et les programmations au service du mouvement pendant 21 jours. Les radios et les moyens de communication récupérés par le mouvement deviennent des lieux de rencontres et de coordination des actions.

Le contrôle des médias s’avère central pendant toute la période, y compris le 25 novembre lors de la répression exercée par la police fédérale. Radio Universidad continue à informer la population mexicaine et grâce à Internet dans le monde entier. L’utilisation des moyens de communication alternatifs, l’appropriation et l’autogestion des médias de masse sont des outils stratégiques de l’APPO qui lui permette de rompre avec l’information imposée et dictée par le pouvoir.

Ces expériences de communication et de construction d’information alternative à Oaxaca contribuent à construire de nouvelles formes de sociabilité en créant une interaction distincte entre les auditeurs et les émetteurs, une relation d’égalité, de réciprocité où la communication est produite de manière participative et démocratique ; il se construit une autre communication en parfaite adéquation avec la société en mouvement.

Le vrai visage du pouvoir formel

Le pouvoir utilise toutes sortes de méthodes pour réprimer et criminaliser le mouvement : assassinats, séquestration d’opposant-e-s, torture des dirigeant-e-s par les brigades paramilitaires, menaces de mort, centres de détention clandestins, incendies d’autobus par des hommes de main. Face à cette violence, l’APPO adopte une attitude pacifique, inspirée de la désobéissance civile et à aucun moment ses membres n’ont recours à l’utilisation d’armes à feu.

La dernière semaine de novembre 2006, le processus est férocement réprimé par la police fédérale et par des groupes paramilitaires. Les forces répressives reprennent le centre ville mais ne parviennent pas à s’emparer de l’université de Oaxaca dans laquelle Radio Universidad continue à émettre. Au cours des jours suivants, le gouvernement mène une guerre de basse intensité contre la population dans tout l’Etat de Oaxaca. Des centaines de blessés, de détenus (dont beaucoup sont torturés) et plusieurs morts sont dénombrés. Les organisations nationales et internationales de défense des droits humains relèvent les exactions et la systématique violation des droits et des garanties constitutionnelles par les forces policières et les groupes paramilitaires. Le 19 janvier 2007, un rapport est transmis à la commission des droits humains de l’ONU qui restera lettre morte.

Dans l’attente de nouveaux printemps

Le processus de l’APPO a concentré des formes de luttes anciennes et nouvelles, puisées dans diverses traditions : les formes d’organisation des communautés indigènes, les actions traditionnelles des mouvements sociaux, la nouveauté dans l’intervention artistique et médiatique, la convergence de différents acteurs sociaux autour d’une revendication unificatrice. Les formes d’organisation radicales et horizontales en conjonction avec le répertoire d’actions et les traditions politiques en jeu ont permis l’émergence d’un nouveau collectif social dans un pari radical et alternatif au système hégémonique. La Commune de Oaxaca a agrégé l’essentiel des paramètres d’une démocratie radicale, participative et y compris directe, de l’autogestion, de l’autonomie des sujets et des collectifs sociaux.

L’APPO a été et reste en partie « un germe de double pouvoir » face à l’état. Elle a légiféré au moyen de décrets, organisé l’ordre public et reconquis l’espace publique confisqué par le gouvernement au bénéfice d’intérêts privés. Elle a formé la police des instituteurs et des indigènes et pris en charge les moyens d’information, l’enseignement et la justice dans les zones contrôlées par les barricades (Almeyra : 2007). Tout comme les Juntas de Buen Gobierno zapatistes du Chiapas ou la police communautaire élue en assemblée à Xochistlahuaca dans l’Etat du Guerrero, les expériences de « pouvoir populaire » résultent bien du renforcement de la conscience populaire et concourent à affaiblir la domination capitaliste. L’APPO est le résultat d’initiatives et d’actions qui font pression sur les pouvoirs constitués en générant des formes de sociabilité alternatives et autonomes. L’APPO constitue un mouvement de mouvements sociaux ou un réseau de masse flexible, dans lequel une large gamme d’acteurs et de collectifs agissent dans la sphère publique.

Après la répression subie en novembre 2006, le mouvement se prolonge de manière souterraine dans des réseaux immergés dans le tissu social, en maintenant les espaces de sociabilité et de création politique. Ceux-ci impliquent de nouveaux acteurs dans d’autres zones géographiques de l’Etat. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2007 ont été crées la première municipalité autonome de l’Etat de Oaxaca avec le peuple Triqui dans la zone de San Juan Copala et l’assemblée régionale des peuples de l’Isthme (Beas Torrres : 2007-243). De même, des caravanes de jeunes parcourent les différentes zones de Oaxaca pour renforcer les réseaux de solidarité et de coordination du mouvement.

Alors que le mouvement se trouve « dans une période de reflux dans sa capacité d’apparition dans l’espace public, [….] il renforce les liens sociaux et permet le renforcement et la consolidation des mouvements sociaux qui sont les acteurs qui peuvent construire les « printemps » de demain. » (Garcia Guerreiro & Warhen : 2008)

* Richard Neuville, membre du collectif Lucien Collonges

Notes :
1. Le PRI a été créé en 1929. Il s’est maintenu au pouvoir pendant 70 années au niveau national. Son candidat à l’élection présidentielle a été battu pour la première fois en l’an 2000. Il continue de gérer une majorité des 32 états du pays et il est parvenu à revenir au premier rang de la scène politique nationale en remportant les élections législatives de juillet 2009.Pour en savoir plus

2. La grande majorité des municipalités de Oaxaca élisent leur maire et les autorités en assemblée générale, selon les « us et coutumes » indigènes.
La section 22 correspond au territoire de l’Etat de Oaxaca. Le SNTE est le seul syndical reconnu représentatif à l’échelle du pays. En décembre 2006, la direction nationale du SNTE priiste a décidé de créer la section 59 pour tenter de contrer l’influence de la section 22.

3. Radio Plantón est contrôlée par la section 22 du SNTE.
4. Le Parti d’action nationale (PAN) a été créé en 1939, il s’agit d’un parti démocrate chrétien. Il gère le pays depuis la victoire de Vicente Fox Quesada à l’élection présidentielle en 2000. En 2006, Felipe Calderón l’a remplacé. Le PAN dirige également huit états sur trente-deux.

Le Parti révolutionnaire démocratique (PRD) a été créé en 1988. Il est issu d’une scission du PRI, intervenue pour soutenir la candidature à l’élection présidentielle de Cuauhtémoc Cardenas. Il dirige six états dont le district de Mexico.
L’Autre campagne était une initiative impulsée par l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) et le mouvement néo-zapatiste mexicain à l’occasion de l’élection présidentielle. Elle se voulait à l’écoute du « peuple d’en-bas ». A partir du 1er janvier 2006, une marche a traversé tout le pays à la rencontre des organisations sociales.
6. Le Caracazo : nom donné aux émeutes survenues le 27 février 1989 à Caracas. Celles-ci étaient consécutives à la décision du nouveau gouvernement de Carlos Andrés Pérez d’augmenter les prix du pétrole et des transports en application des recommandations du Fonds monétaire international (FMI).
7. « Commander en obéissant », pratique de l’autonomisme maya, réactualisée par le mouvement zapatiste du Chiapas dans les « Conseils de bonne gouvernance », los Caracoles.


Guillermo Almeyra, Révolution, pouvoir, liberté : l’expérience de l’APPO (Oaxaca), Intervention au Congrès Marx International V, 3-6 octobre 2007, Paris, la Sorbonne – Paris X Nanterre.
Guillermo Almeyra, El legado de la APPO, in La batalla por Oaxaca, Coord. Carlos Beas Torres, Ed. Yope Power, Oaxaca, 2007.
Carlos Beas Torres, Oaxaca, una rebeliòn plebeya, in OSAL N°21, septiembre-diciembre 2006, Buenos Aires, CLACSO, 2007.
Gustavo Esteva, Norma Giarracca, Rubén Valencia, David Venegas, Cuando hasta les piedras se levanta. Oaxaca, Mexico, 2006, Buenos Aires, Editorial Antropofagia, 2008.
Luciana Garcia Guerreiro & Luis Waren, La Comuna d’Oaxaca: cuando el otoño fue primavera. Acciones colectivas, medios de comunicaciòn e identidades políticas; el caso de la Asemblea Popular de los pueblos de Oaxaca (APPO), Jornadas internacionales de problemas latinoamericanos, Mar del Plata, 26 al 28 de septiembre de 2008.
Luis Hernández Navarro, Oaxaca: sublevación y crisis de un sistema regional de dominio, in OSAL n°20, mayo-agosto 2006, Buenos Aires, CLACSO.
Luis Hernández Navarro, Résistance et répression à Oaxaca, Sources: IRC Programa de las Américas in http://www.ircamericas.org/, 19 septembre 2006, publié par RISAL et traduit par Frédéric Lévêque in www.risal.collectifs.net
David Recondo, La démocratie mexicaine en terres indiennes, Paris, Karthala-CERI, 2009.


















































1 commentaire:

  1. C'est assez bizarre que ce soit toujours les communautés indigènes qui soient les plus pauvres. Personnellement, je pense que chacun a sa conception de la richesse. La conception occidentale n'est pas du tout ma conception par exemple. Il y a des communautés qui conçoivent la richesse comme la possession d'un maximum de zébus, ils ne se soucient pas du tout de l'argent.

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